Le placenta est un organe remarquable, nourrissant ton bébé pendant toute la grossesse, mais il suscite également des interrogations sur sa gestion après l’accouchement. Beaucoup se demandent : pourquoi un organe que nous avons produit devient-il la propriété de l’hôpital une fois l’enfantement terminé ?
En France, le placenta est considéré comme un déchet biologique, soumis à des protocoles stricts de gestion. Cela peut choquer certaines personnes, notamment celles qui souhaitent le récupérer ou l’honorer de manière symbolique. Pourtant, ces pratiques sont régies par des considérations sanitaires et éthiques visant à éviter tout risque de contamination ou de gestion inappropriée. Certaines maternités acceptent néanmoins de rendre le placenta à la mère, sous certaines conditions, notamment pour des fins culturelles ou personnelles.
La délivrance du placenta : une étape clé après la naissance
On parle souvent de l’enfantement, mais on oublie parfois qu’après la naissance de ton bébé, une autre étape t’attend : la délivrance du placenta. C’est une phase importante du processus, qui marque la fin de la naissance et permet à ton corps de débuter sa récupération.
Après la sortie de ton bébé, ton utérus continue de se contracter pour détacher le placenta de la paroi utérine. Cela peut prendre entre quelques minutes et une heure, selon les conditions de l’accouchement et les protocoles pratiqués. Une fois le placenta expulsé, la sage-femme ou l’obstétricien.ne vérifie qu’il est complet, afin d’éviter toute rétention qui pourrait provoquer des complications, comme des saignements excessifs.
Dans les maternités, il est fréquent que l’on administre une injection d’ocytocine pour accélérer la délivrance et réduire le risque d’hémorragie. Cela est fait parfois sans information de la patiente ou demande de consentement alors que c’est un acte médical qui comporte lui aussi des risques.
La délivrance peut se faire naturellement, en restant patiente et en favorisant le contact avec ton bébé, notamment par le peau à peau et la tétée d’accueil, qui stimulent la production naturelle d’ocytocine.
Cette étape marque la séparation physique entre toi et ton bébé, après ces mois de fusion intime. C’est aussi le moment où l’on décide du devenir du placenta : sera-t-il simplement jeté, ou bien célébré d’une manière plus symbolique ?
Le clampage tardif : un bénéfice sous-estimé
Le moment où l’on coupe le cordon ombilical joue un rôle crucial dans la transition du bébé à la vie extra-utérine. Pourtant, dans de nombreuses maternités, la pratique courante est encore de clamper rapidement après la naissance.
- Selon Michel Odent, obstétricien reconnu, couper le cordon avant la délivrance du placenta est un rituel, pas une nécessité médicale.
- De nombreuses études montrent qu’environ 30 % du sang du bébé reste dans le placenta en cas de clampage immédiat. Or, ce sang contient des globules rouges, du fer et des cellules souches essentielles à son développement et à son immunité.
- Dans certains pays, notamment en Suède et en Australie, le clampage tardif est privilégié, même chez les bébés prématurés. Il a été démontré que laisser le bébé relié à son placenta augmente ses chances de survie, réduit les risques d’anémie et améliore son adaptation cardiorespiratoire.
Peux-tu récupérer ton placenta ?
Si tu souhaites honorer ton placenta d’une manière particulière, sache qu’il est parfois possible de le récupérer. Officiellement, en maternité, il est considéré comme un déchet biologique et détruit après l’accouchement.
Cependant, certaines sages-femmes, notamment celles ayant exercé dans des cultures où cette pratique est courante, peuvent accepter de te le remettre de manière officieuse. Dans l’épisode 33 du podcast L’Ovaire du Décor, Tessa témoigne avoir pu repartir d’une maternité française avec son placenta grâce à une sage-femme sensibilisée à cette demande.
Si c’est un souhait pour toi, renseigne-toi en amont auprès de l’équipe médicale qui t’accompagne ou évoque-le le moment venu si tu sens qu’il y a une ouverture pour en discuter.
Que faire de son placenta après l’accouchement ?
Si tu récupères ton placenta, plusieurs options s’offrent à toi :
🔸 Garder une trace du placenta : empreintes et photos, une célébration de la vie
La forme du placenta et ses ramifications ressemblent à celles d’un arbre, un véritable « arbre de vie », ce qui en fait un symbole fort dans de nombreuses cultures. Si tu souhaites garder un souvenir de ce lien unique, il existe plusieurs manières d’immortaliser ton placenta :
- Faire une empreinte placentaire : avant qu’il ne soit traité ou conservé autrement, il est possible d’imprimer ton placenta sur une feuille de papier. Pour cela, tu peux utiliser simplement son propre sang ou appliquer une peinture naturelle. Le résultat est une œuvre organique et symbolique, mettant en lumière son incroyable réseau vasculaire en forme d’arbre. En voici de magnifiques exemples d’empreintes placentaires. C’est assez simple à faire, même en maternité, il suffit de prévoir du papier adapté.
- Prendre une photo : un cliché de ton placenta peut être une manière simple mais puissante de célébrer cet organe qui a joué un rôle clé dans la venue au monde de ton bébé. Certaines personnes choisissent de l’admirer avant qu’il ne soit emporté par le personnel médical. D’autres préfèrent le photographier dans un cadre plus intime, une fois rentrées chez elles.
- Créer un souvenir artistique : certaines familles vont encore plus loin en transformant l’empreinte placentaire ou la photo en œuvre d’art. On peut y ajouter des détails, des couleurs ou un cadre pour l’exposer comme un hommage à la grossesse et à la naissance.
🔸 Le placenta lotus
Le placenta reste attaché au bébé jusqu’à ce qu’il se détache naturellement du cordon. Cela peut prendre entre 3 et 10 jours. Cette approche douce est censée respecter la transition du bébé entre la vie intra et extra-utérine. Elle évite le stress d’une coupure brutale et favorise une séparation progressive. Comme ce n’est pas simple de se balader avec un bébé relié à son placenta, elle oblige aussi au repos de la maman, ce qui est plutôt un avantage. Souvent les bébés lotus restent au lit, collés à leur maman, quelques jours.
Inconvénient : Il faut bien entretenir le placenta pour éviter les odeurs. C’est assez simple, il faut juste avoir du sel en abondance, mais il faut l’anticiper.
🔸 Enterrer le placenta
C’est une tradition dans de nombreuses cultures, où l’on enterre le placenta sous un arbre symbolique. Cela représente un retour à la terre et un lien entre l’enfant et la nature.
Il est possible de le sécher avec du sel, comme dans le placenta lotus, afin de le conserver et de pouvoir l’enterrer plus tard.
🔸 Le consommer
Certaines mamans choisissent de manger des morceaux de leur placenta, crû ou cuit, en raison de sa richesse en nutriments et en hormones bénéfiques pour le post-partum. Plusieurs options existent :
- L’incorporer dans des smoothies, comme l’a fait la journaliste Clémentine Sarlat après son enfantement.
- Le faire sécher et encapsuler pour bénéficier de ses bienfaits sous forme de complément alimentaire. Dans ce cas, il faut faire appel à un.e professionnel.le spécialisé.e.
Certaines études suggèrent que la consommation de placenta pourrait aider à réduire le baby-blues et favoriser la récupération post-partum. Néanmoins, les preuves scientifiques soient encore limitées.
La vente du placenta à l’industrie pharmaceutique : mythe ou réalité ?
Dans d’autres pays, notamment en Asie, le placenta suscite un intérêt grandissant de la part de l’industrie pharmaceutique et cosmétique. On entend parfois dire que des maternités vendent le placenta à des entreprises pour en tirer profit.
Cependant, en France, cette pratique est illégale. Le placenta est considéré comme un déchet médical et est généralement éliminé conformément aux normes sanitaires. Néanmoins, dans certains cas, il peut être collecté pour des recherches scientifiques ou des usages médicaux sous contrôle strict. Cela demande le consentement éclairé des parents.
L’industrie pharmaceutique s’intéresse au placenta surtout pour ses propriétés uniques. Par exemple, la présence de cellules souches et de facteurs de croissance, qui pourraient potentiellement avoir des applications dans la médecine régénérative.
Les cellules souches dans le placenta : un potentiel à explorer
Le placenta est une véritable mine de ressources, car il contient des cellules souches, en particulier des cellules souches mésenchymateuses. Ces cellules ont la capacité de se différencier en différents types de cellules, comme des cellules osseuses ou cartilagineuses. Elles sont sujet de recherche en médecine régénérative.
Cependant, l’utilisation clinique de ces cellules est encore en phase de développement et fait l’objet de nombreuses études.
Bien que certaines entreprises dans des pays comme la Chine, le Japon ou la Corée exploitent déjà les cellules placentaires dans des produits cosmétiques et de santé, cette pratique reste encadrée de manière stricte dans de nombreux pays européens. C’est le cas de la France, où le placenta est surtout vu comme un déchet biologique et ne peut être vendu à des fins commerciales.
Et toi, comment aimerais-tu honorer ton placenta ?
Le placenta est bien plus qu’un simple organe temporaire. Il a nourri ton bébé tout au long de ta grossesse et, selon certaines traditions et croyances, il mérite une attention particulière après l’accouchement. Quel que soit ton souhait, l’essentiel est de faire un choix en accord avec ce qui résonne en toi.
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Photo : João Paulo de Souza Oliveira / Unsplash
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