Fissure ou rupture de la poche des eaux : que faire, que surveiller ?

Tu sens un écoulement inhabituel et tu te demandes si tu perds les eaux ? Tu es peut-être en train de vivre une fissure de la poche des eaux… ou une rupture franche. Mais comment faire la différence ? Est-ce grave ? Et faut-il vraiment courir à la maternité ?

Voici tout ce que tu as besoin de savoir pour rester actrice de ton enfantement, si tu es à 37 SA ou au-delà.

Fissure ou rupture : c’est important de faire la différence

Quand la poche des eaux se rompt, le liquide amniotique peut s’écouler en grande quantité ou… tout doucement.

  • Si le liquide sort en une grosse quantité, d’un coup, il s’agit probablement d’une rupture franche.
  • Si tu remarques seulement des pertes régulières ou continues, comme si tu faisais pipi sans t’en rendre compte, il peut s’agir d’une fissure.

Et parfois… tu n’es pas sûre du tout. Le liquide peut ressembler à des pertes banales, à de l’urine ou à des sécrétions vaginales. Si tu as besoin d’être rassurée, un test vaginal simple (test au spéculum avec amniotest) peut permettre de confirmer s’il s’agit bien de liquide amniotique.

Néanmoins faire ce test peut déclencher tout un protocole stressant, alors que tu ce dont tu as besoin pour que le travail se lance sereinement c’est de sérénité pour commencer à produire de l’ocytocine.

À savoir : les touchers vaginaux
Dans toute logique, les touchers vaginaux augmentent le risque d’infection, ils sont donc à éviter lors d’une fissure ou d’une rupture de la poche des eaux avant le démarrage du travail. Si tu n’es pas encore en travail et que tout va bien, il est donc conseillé d’attendre et de privilégier d’autres formes d’examen moins invasives.

🌊 Le liquide amniotique se renouvelle en continu, donc tu ne risques pas de « vider ta poche » entièrement. Ce n’est pas dangereux en soi tant que tout va bien.

Quand consulter rapidement ?

La fissure ou la rupture de la poche des eaux n’est pas une urgence médicale à elle seule. Mais certains signes doivent te pousser à consulter rapidement :

  • Le liquide est coloré (verdâtre, brun, jaune) ou malodorant
  • Tu présentes de la fièvre, des frissons, des douleurs abdominales
  • Tu perds du sang
  • Bébé bouge moins
  • Tu sens une pression inhabituelle dans le vagin (par exemple, la tête du bébé très basse ou un cordon)
  • Tu es groupe B streptocoque positif, et tu n’as pas encore reçu d’antibiotiques

Si le bébé n’est pas engagé, il y a un risque de prééminence du cordon, ce qui sera vérifié à la maternité lors de l’accouchement.

Sinon, si le liquide est clair, inodore, que tu vas bien, que bébé bouge, tu peux tout à fait rester tranquillement chez toi le temps que le travail s’enclenche.

Tu peux rester chez toi si…

  • Le liquide est clair, fluide, sans odeur
  • Tu n’as pas de fièvre
  • Bébé bouge normalement
  • Tu te sens bien et rassurée
  • Tu n’as pas de pathologie particulière ni contre-indication médicale

Rester dans ton cocon, t’hydrater régulièrement, te reposer, marcher, visualiser… tout ça peut soutenir le lancement du travail dans le calme. Il n’y a aucune urgence à rejoindre un environnement hospitalier si tout va bien.

Le rôle des antibiotiques : utiles, mais pas systématiques

Dans certains protocoles, les hôpitaux proposent des antibiotiques systématiques après 12 à 24 h sans début de travail, pour éviter une potentielle infection.

Mais ce protocole est à discuter au cas par cas. Ce que les équipes cherchent à éviter, c’est une infection appelée chorioamniotite, qui peut toucher les membranes, le liquide et parfois le bébé. Mais ce risque reste rare et ne survient généralement que si plusieurs signes s’associent (fièvre, douleur, liquide teinté, etc.).

Les dernières recommandations (NICE, RCOG, ACOG) indiquent que :

  • Si la température est normale
  • Que le rythme cardiaque de bébé est bon
  • Que tu te sens bien
    ➡️ Il n’y a pas de justification à un traitement antibiotique immédiat.

C’est donc ton état global et les signes associés qui doivent guider les décisions, pas juste un chronomètre déclenché dès la fissure.

Et le méconium dans tout ça ?

Le méconium est la première selle du bébé. Parfois, il est éliminé avant la naissance, ce qui peut colorer le liquide amniotique (en vert, brun, jaune).

Ce qu’il faut savoir :

  • C’est plus fréquent en fin de grossesse ou après terme
  • Cela peut être lié à une maturité digestive du bébé, sans danger
  • Ce n’est pas une urgence en soi, tant que bébé va bien

Pourquoi ça inquiète parfois les équipes médicales ?

Le risque évoqué, c’est que bébé aspire du méconium dans ses voies respiratoires, ce qui peut provoquer des problèmes pulmonaires. On appelle cela le syndrome d’inhalation méconiale, mais ce cas reste rare, surtout si l’enfantement est physiologique et non instrumentalisé.

Un liquide teinté n’est pas une urgence en soi, tant que le cœur de bébé bat bien, qu’il bouge, et que tu vas bien aussi. Ce sont les signes associés qui comptent vraiment.

Ce que tu peux faire chez toi

✅ Boire régulièrement de l’eau pour soutenir le renouvellement du liquide amniotique
✅ Écouter ton corps et bébé, noter ses mouvements
✅ Reposer ton mental (sieste, relaxation, visualisations)
✅ Bouger doucement, marcher, danser
✅ Manger léger et nourrissant
✅ Privilégier le sommeil

Les bains sont à proscrire, pour éviter la diffusion d’une éventuelle infection.

Et surtout, ne pas hésiter à appeler la maternité pour discuter avec une sage-femme de garde, poser toutes tes questions, partager tes ressentis. Tu as le droit de choisir d’attendre encore un peu, d’arriver plus tard, de venir pour vérifier sans être hospitalisée, etc.

Un mot pour finir

Tu n’as pas besoin d’agir dans la précipitation.
Tu peux observer, respirer, ressentir… et faire confiance à ton bébé, à ton corps, et à ton intuition.

🌸 Ce n’est pas le moment de courir : c’est le moment de t’écouter.
🌙 Tu enfantes déjà, dans la subtilité, dans l’accueil.
🤍 Tu es parfaitement capable de discerner ce qui est juste pour toi.

Besoin d’aller plus loin ?

Sources

  1. National Institute for Health and Care Excellence (NICE). (2021). Intrapartum care for healthy women and babies. NICE Guideline [CG190].
  2. Caughey AB, Robinson JN, Norwitz ER. (2008). Contemporary diagnosis and management of preterm premature rupture of membranes. Reviews in Obstetrics and Gynecology, 1(1), 11–22.
  3. Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG). (2022). Care of Women Presenting with Suspected Preterm Prelabour Rupture of Membranes from 24+0 Weeks of Gestation. Green-top Guideline No. 73.
  4. American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG). (2020). Management of Intrapartum Infections. Committee Opinion No. 797.
  5. Wiswell TE, Tuggle JM, Turner BS. (1990). Meconium aspiration syndrome: have we made a difference?. Pediatrics, 85(6), 715–721.
  6. Vain NE et al. (2004). Oropharyngeal and nasopharyngeal suctioning of meconium-stained neonates before delivery of shoulders: multicentre, randomised controlled trial. Lancet, 364(9434), 597–602.
  7. F. Stauffer, Document d’aide à la décision en cas de Rupture des Membranes à Terme Avant Travail (RMTAT)


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Photo : Camylla Battani / Unsplash

Les 4 essentiels de la préparation à la naissance

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