Lorsque l’on parle de surveillance du bébé pendant l’enfantement, le monitoring fœtal en continu est souvent présenté comme une norme dans de nombreuses maternités. Mais est-il vraiment indispensable pour toutes les naissances ? Quels sont ses avantages, ses limites et les alternatives possibles ?
Qu’est-ce que le monitoring en continu ?
Le monitoring fœtal en continu consiste à enregistrer en permanence le rythme cardiaque du bébé et les contractions utérines à l’aide de capteurs placés sur l’abdomen. Ces capteurs sont reliés à un moniteur qui retransmet les données aux professionnel.le.s de santé.
L’objectif principal est de détecter d’éventuelles anomalies du rythme cardiaque du bébé qui pourraient indiquer une souffrance fœtale et justifier une intervention médicale rapide. Cependant, les études les plus récentes indiquent qu’il n’y a pas de base scientifique solide démontrant que le monitoring en continu réduit réellement les risques pour le bébé ou la personne qui enfante. Au contraire, une méta-analyse menée par Politi et al. en 2023 a montré que son utilisation généralisée ne diminue pas les complications néonatales graves, mais augmente significativement le taux d’interventions médicales inutiles.
Les avantages du monitoring en continu
- Rassurer les équipes médicales : L’avantage principal du monitoring en continu réside dans le fait qu’il offre une surveillance constante qui peut apporter une certaine tranquillité d’esprit aux soignant.e.s (et donc aussi à la maman qui enfante, qui potentiellement n’a pas à subir le stress général potentiel).
- Réactivité en cas de complications : En cas d’anomalie, une intervention peut être envisagée plus rapidement.
- Pratique dans certaines situations à risque : Pour les grossesses à haut risque ou les déclenchements médicaux, il peut être recommandé.
Les inconvénients du monitoring en continu
- Restriction de mouvement : Il limite la mobilité de la personne qui enfante, alors que le mouvement est souvent bénéfique pour la gestion des contractions et l’avancée du travail.
- Augmentation du taux d’interventions : L’étude de Politi et al. (2023) ainsi que d’autres recherches antérieures montrent que le monitoring en continu est associé à une augmentation des taux de césariennes et d’accouchements instrumentaux, souvent en raison d’interprétations erronées des tracés.
- Aucune réduction prouvée des risques : Contrairement aux idées reçues, aucune preuve scientifique ne démontre que le monitoring en continu améliore les issues périnatales comparé à l’auscultation intermittente.
- Impact psychologique : Voir et entendre en permanence le rythme cardiaque du bébé peut générer du stress, surtout si les variations normales du tracé sont interprétées comme anormales.
Les alternatives au monitoring en continu
- L’auscultation intermittente : Plutôt que d’être en permanence branchée à un moniteur, l’auscultation intermittente consiste à écouter le cœur du bébé à intervalles réguliers, souvent avec un doppler portatif ou un stéthoscope de Pinard. Elle est recommandée par l’OMS pour les personnes ayant une grossesse physiologique.
- Le monitoring sans fil : Certaines maternités proposent des capteurs sans fil ou étanches permettant plus de liberté de mouvement, voire l’accès à un bain d’eau chaude.
- L’écoute intuitive et la continuité du suivi : Une présence attentive d’un.e professionnel.le expérimenté.e, comme une sage-femme ayant suivi la grossesse, peut parfois suffire pour détecter si quelque chose semble inhabituel.
Faire un choix éclairé
Le monitoring en continu n’est pas une obligation systématique. Il est possible d’en discuter avec l’équipe médicale et d’intégrer ses préférences dans un projet de naissance. Pour les personnes souhaitant minimiser les interventions, l’auscultation intermittente peut être une alternative plus respectueuse du processus physiologique tout en garantissant la sécurité du bébé.
Comme toujours, chaque enfantement est unique et il est essentiel de faire un choix qui correspond à ses besoins, en s’informant sur les différentes options disponibles.
Sources :
- Politi et al (2023) : The time has come for a paradigm shift in obstetrics’ medico-legal litigations
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Photo : Stephen Andrews / Unsplash

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